L’action de Cogeco Communications (CCA) connaîtra-t-elle des jours meilleurs maintenant que ses problèmes informatiques sont derrière elle? Si les analystes s’entendent pour dire que le titre du câblodistributeur montréalais est abordable, ceux-ci sont partagés quand vient le temps de dire s’il y a de quoi s’enthousiasmer.
La question se pose maintenant que la direction a affirmé que les problèmes liés à la migration de son système de gestion de clients au Canada sont maintenant réglés. Les problèmes avaient forcé la société à augmenter ses dépenses et à réduire ses activités marketing. L’impact s’est reflété par une hausse des dépenses et une diminution des revenus au cours des quatrième et premier trimestres (période de six mois terminée le 30 novembre).
Le problème maintenant résolu, Jeff Fan, de Banque Scotia, pense que le marché portera un regard neuf sur Cogeco. «En regardant vers l’avenir, nous pensons que nous verrons : la tendance des inscriptions s’améliorer, les fruits d’une augmentation des prix et des réductions des coûts (en raison du fait que la société n’a plus à composer avec un nombre d’appels plus élevés que la moyenne et la réduction constante des coûts).»
Pour sa part, Tim Casey, de BMO Marchés des capitaux, «peine» à voir un catalyseur pour l’entreprise de la famille Audet. Même si la migration du système de gestion de clients est derrière Cogeco, M. Casey pense que les activités canadiennes de câblodistribution conservent «un profil de croissance en ralentissement» en raison de la maturité du marché et de la concurrence de la télévision IP. Si la division américaine fait bien, la technologie de l’information et des communications aux entreprises (TIC) continue de subir des contrecoups.
Le consensus des analystes adhère à la thèse optimiste de M. Fan plutôt qu’à la prudence de M. Casey. Des 13 analystes qui suivent le titre, 9 émettent une recommandation d’achat, contre 3 recommandations «conserver » et une recommandation de vente. Leur cours cible moyen est de 82,17 $, ce qui représenterait un gain de 10,7% au moment d’écrire ces lignes.
Un pari sur Cogeco revient à décider si les élans potentiels pèsent plus lourd que les risques, résume Vince Valentini, de Valeurs mobilières TD. Dans la colonne des positifs, il identifie un partenariat avec un opérateur de sans-fil, la vente des centres de données et une acquisition aux États-Unis. Du côté des risques, il y a le potentiel d’une «mauvaise» acquisition, le déploiement du réseau de fibre optique de Bell dans les marchés desservis par Cogeco et la vente du bloc d’actions détenues par Rogers. Au bout du compte, l’analyste pense que le potentiel supplante les risques.
En ce qui concerne les acquisitions, le bilan de la société lui donne la flexibilité nécessaire pour faire des propositions. La direction anticipe que son endettement atteindra 3 fois son bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement (BAIIA). La direction a déjà indiqué qu’elle cherchait les occasions.
Aubaine?
Outre les fondamentaux, l’évaluation séduit la plupart des analystes. L’action demeure une aubaine par rapport à ses pairs. Le titre s’échange à 11,77 fois les prévisions de bénéfice des 12 prochains mois, selon une recension des prévisions d’analystes effectuée par Reuters. Les comparables s’échangent à 15,36 fois, toujours selon Reuters. «C’est le câblodistributeur, le moins cher en Amérique du Nord», commente Robert Bek, de CIBC Marchés mondiaux.
Pour sa part, Drew McReynold, de RBC Marchés des capitaux, ne trouve pas le prix si attrayant. «En plus d’un portefeuille qui ne contient pas de sans-fil, nous croyons que cette aubaine s’explique par la concurrence des opérateurs de fibre optique et la stratégie dans le sans-fil qui n’est toujours pas claire», commente-t-il.
Au sujet du sans-fil, la société a acquis, au printemps dernier, pour près de 32 M$ en spectre situé dans des régions qu’elle dessert. Elle a toutefois décidé de passer son tour pour l’enchère du spectre de 600 MHz qui aura lieu en mars. Une décision qui a rassuré les analystes qui craignaient que Cogeco ne s’engage dans des dépenses coûteuses. Cogeco envisage d’offrir une couverture sans fil dans les régions qu’elle dessert, mais elle attend de voir si Ottawa prendra des mesures pour encourager les fournisseurs régionaux.
Les TIC
La division des technologies de l’information et des communications aux entreprises (TIC) continue de connaître des vents de face. Au cours du premier trimestre (terminé le 30 novembre), le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) a diminué de 12,3%. Maher Yaghi, de Desjardins Marché des capitaux, explique que les entreprises internationales sont «agressivement» concurrentielles en ce qui concerne les prix, «sans signes imminents de redressement».
L’analyste ne voit pas comment la division pourrait profiter de synergies avec les activités de câblodistribution. «Le capital engagé dans les TIC procurerait de meilleurs rendements s’il était investi dans la câblodistribution aux États-Unis.».
Parfois la souffrance permet de passer à l’action, remarque Vince Valentini, de Valeurs mobilières TD. «L’absence de progrès pourrait convaincre la direction de vendre ses activités à un des acteurs dominants de l’industrie», estime l’analyste. Si la vente n’est pas officiellement envisagée, la direction s’est dite ouverte à explorer toutes les options.