ESPACES DE TRAVAIL. Quand Louis T. Lemay a décidé de réunir sous un même toit tous ses employés éparpillés dans différents bureaux, il souhaitait concevoir un siège social qui respecterait les normes les plus élevées de développement durable. «On voulait créer un environnement de travail à l’avant-garde, selon les tendances de demain», explique le président de la firme d’architecture et de design Lemay.
Afin de réduire l’empreinte écologique de son projet, la firme a préféré rénover un entrepôt abandonné construit dans les années 1950 plutôt que d’ériger un nouvel édifice. L’équipe a revu la configuration du bâtiment et son approvisionnement énergétique, désormais assuré par des panneaux photovoltaïques, du stockage électrique et thermique ainsi qu’un mur solaire thermique.
Les bureaux ont ainsi été aménagés de façon à ce que le personnel de Lemay profite au maximum de la lumière naturelle. De plus, celui-ci côtoie continuellement de la végétation, car des plantes et des murs verts ont été disposés dans tous les espaces communs. Le tout contribue à améliorer la qualité de l’air, qui est surveillée en permanence.
Son nouveau siège social se trouvant à deux pas de la station de métro Lionel-Groulx, l’entreprise a incité ses 350 employés à modifier leurs habitudes de transport. Les places de stationnement sont maintenant réservées aux clients et aux véhicules électriques. Une soixantaine de supports à vélo ont par contre été installés.
De la fierté et du bien-être
Deux ans après le regroupement de tous les travailleurs de la firme dans le nouveau siège social appelé Phénix – qui a obtenu les plus hautes certifications environnementales, soit Fitwel 3 étoiles, Leed Platine et Bâtiment à carbone zéro -, Louis T. Lemay constate un grand changement dans l’engagement de ses employés.
«Le taux d’absentéisme a réduit considérablement et l’entreprise est plus performante qu’il y a trois ans. La productivité s’est améliorée», rapporte celui qui ne voit aucun aspect négatif à ses nouveaux locaux. Lui-même ne retournerait pas dans un bureau conventionnel.
Les principes de développement durable sont désormais incontournables dans les projets d’aménagement d’espaces de travail, d’après la psychologue organisationnelle et associée de la firme Hors-Piste, Julie Bourbonnais. «Ne pas réfléchir au développement durable quand on réaménage des espaces, c’est manquer le bateau. Tous les conseillers en aménagement pensent à la biophilie [amour de ce qui est vivant], aux matériaux recyclés et aux certifications», dit-elle.
Le virage vert qu’effectuent des entreprises suscite la fierté de leurs travailleurs, insiste la psychologue. Le président de la firme de service-conseil en environnement ConsulTerre, Alexandre Désy, abonde dans le même sens. «L’environnement, c’est quelque chose de plus en plus prisé, mentionne-t-il. Des jeunes acceptent de réduire leur salaire pour la cause. Il y a un grand sentiment de fierté qui y est associé.»
En temps de pandémie de COVID-19, l’espace de travail qui incitera ses employés à y revenir sera celui dont le bien-être a motivé l’aménagement, estime Louis T. Lemay. La lumière naturelle y sera optimisée, la qualité de l’air et de l’eau y sera contrôlée et de la végétation y sera présente, entre autres pour «apaiser l’humain».
Les bienfaits du développement durable dans les milieux de travail sont sans équivoque, d’après Julie Bourbonnais. Les employés sont plus impliqués, ce qui permet de réduire les mouvements de personnel, et les équipes éprouvent une grande fierté et un bien-être au travail. Sans compter que les entreprises peuvent réaliser des économies sur leur facture énergétique. «En tenant compte de l’environnement, il n’y a personne qui perd au change», assure la psychologue organisationnelle.