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Témoignages: le mentorat a changé ma vie

Benoîte Labrosse|Édition de juillet 2019

Témoignages: le mentorat a changé ma vie

MENTORAT, PARRAINAGE ET COACHING. Mentorés et mentors nous racontent comment cette forme d’accompagnement a transformé leur carrière.

Karine Foisy et son Yoda

Il y a un an et demi, Karine Foisy a décidé de rejoindre les quelque 2 200 mentorés de Réseau M. La présidente-fondatrice de Veille sur toi, une petite entreprise lavalloise spécialisée dans la conception et la fabrication de veilleuses en verre, a été jumelée à Robert Lefevbre. « C’est mon Yoda ! » s’exclame-t-elle en décrivant « l’écoute, la sagesse et l’expertise » que lui apporte l’ex-président du défunt Centre local de développement de Laval et actuel administrateur d’Aéroport de Montréal.

« Nos rencontres me permettent de partager tout ce que je vis dans mon quotidien d’entrepreneure : le stress, les craintes, les aspirations, les rêves, les réussites et les échecs, résume-t-elle. Ça me permet d’avoir l’oreille attentive d’une personne expérimentée qui est passée par là ainsi qu’un regard extérieur sur mon parcours. »

Leurs discussions portent principalement sur son bien-être. « Sans jugement, il me guide dans mes prises de conscience sur ce qui est bon pour moi et pour atteindre mes objectifs. Maintenant, je prends plus soin de ma santé mentale, je fais de la musique, je vais intégrer un peu de sport, je vais prendre du temps avec mes amis… C’est important que je décroche de mon entreprise. »

La personnalité fonceuse de son mentor la pousse également à se dépasser. « Quand j’hésite, il me dit : « Tu fonces, tu le fais ! Au pire, tu te plantes et tu apprendras de ça ! » » L’an dernier, Karine Foisy a ainsi fait l’ouverture de sa boutique « en grand » et engagé son conjoint pour un « test » de six mois.

« Chaque fois que j’ai une rencontre avec Robert, j’en ressors dynamisée, ressourcée, pleine d’idées… J’espère qu’il restera mon mentor à long terme ! »

Luc Nadeau, mentor en série

Chef de section en ressources humaines à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de l’Université de Montréal, Luc Nadeau est mentor par passion. Depuis 2014, il est actif dans trois à cinq dyades mentorales à la fois, au sein des programmes de la MRC de Rouville, de Futurpreneur Canada, de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA), d’Académos et d’Élo. Sans compter toutes les réponses aux demandes reçues sporadiquement sur ces deux plateformes virtuelles.

« Chaque organisation m’amène quelque chose de différent, note-t-il. Avec Académos, j’aide les jeunes à mieux comprendre où ils vont, ça me ramène à ma formation en orientation professionnelle. À l’Ordre des CRHA, j’offre à de nouveaux cadres un lieu pour exprimer leurs préoccupations et valider certaines choses qu’ils ne souhaitent pas aborder avec leur patron. À la MRC de Rouville, en Montérégie, j’aide des entrepreneurs en démarrage, mais dans une culture de mentorat « à l’ancienne » – discrète et effacée – qui rejoint mes valeurs. » C’est ce programme, appuyé par le Réseau M, qui lui a offert sa première formation en la matière. « J’aime beaucoup questionner les gens sur ce qui les motive, leurs intérêts, leurs aptitudes, mais sans tomber dans le piège de leur donner des conseils. »

« Avec le recul, je m’aperçois que mon intérêt pour le mentorat vient du fait que je recherchais quelque chose, constate-t-il. Ça fait 31 ans que je roule ma bosse en ressources humaines, et j’avais besoin de reconnecter avec ce qui est le plus beau dans ce domaine : l’individu. Cette relation m’oblige à être attentif, disponible, bienveillant, tout en me permettant d’avoir des échanges honnêtes et authentiques. Ça me fait du bien que les gens me fassent confiance et que je puisse les aider à réfléchir. »

Ce qu’il appelle son « bénévolat social » lui procure en effet une grande satisfaction. « J’ai toujours hâte à une rencontre ou à un appel, et quand je commence une nouvelle dyade, je suis aussi nerveux que la première fois, avoue-t-il. J’ai le trac de répondre aux attentes de quelqu’un qui ne me connaît pas, mais qui a osé demander mon appui. Puis au final, ma paie, c’est quand un mentoré a davantage confiance en lui et qu’il me dit : « Merci, ça m’éclaire et ça me rassure ! »»

Nour Sayem apprend l’humour québécois à Aymen Klabi

C’est en cherchant à développer son entreprise de recrutement local et international que le président-fondateur d’Aster Ressources, Aymen Klabi, s’est tourné vers SAGE Mentorat d’affaires. « Parmi leurs propositions, j’ai choisi Nour Sayem, une femme d’affaires immigrante qui a fait sa place au Québec en fondant trois entreprises, raconte celui qui a quitté la Tunisie pour la Vieille Capitale il y a plus d’une décennie. Je me suis dit qu’elle pourrait à la fois m’inspirer pour ma stratégie d’affaires et m’aider dans mon intégration. »

C’est justement les raisons pour lesquelles la principale intéressée, aujourd’hui à la retraite, mentore depuis 2015 des chefs d’entreprise nouvellement arrivés au pays. « Je suis Syrienne, mais ça fait 53 hivers que je suis ici, fait valoir celle dont l’autobiographie s’intitule Ma vie entre figuier et érable. Tous les défis qu’un immigrant peut vivre, je les ai traversés avec succès. Je veux faire le pont. »

M. Klabi se sent entre autres freiné par son réseau réduit. « Je ne connaissais personne en arrivant ici, donc je trouve que mon processus de prospection est lent et que les retours positifs sont rares, admet-il. Des fois, j’ai envie de tout lâcher et de me chercher un emploi salarié. Dans ces moments-là, mes rencontres avec Nour Sayem me donnent l’énergie de continuer à persévérer, et des idées pour changer un peu mes méthodes. »

Récemment, la dyade s’est penchée sur le sens de l’humour. « Les Québécois aiment les gens drôles ; c’est leur plus importante corde sensible, estime la mentore. Sauf qu’Aymen est une personne très sérieuse. Nous allons donc essayer de faire quelque chose sur ce plan. » Ce dernier avoue croire que son humour est « inversé ». « Parfois, je parle sérieusement et les gens commencent à rire, alors que quand j’essaie de faire un peu d’humour, je ne vois aucune réaction ! »

Nour Sayem transmet ses observations sur sa société d’accueil « par petites bouchées » à Aymen Klabi depuis environ deux ans, à coups de rencontres, de recommandations de lectures et de suggestions de contacts. Les deux entendent poursuivre leur relation mentorale « tant qu’elle sera utile » à l’entrepreneur. « Quand je serai capable de maîtriser l’humour québécois, je lui dirais que tout est beau ! » conclut celui-ci en riant.