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5 conseils pour éviter de frapper un mur

Karl Rettino-Parazelli|Mis à jour le 24 janvier 2024

5 conseils pour éviter de frapper un mur

Que vous soyez un investisseur débutant ou aguerri, il peut être angoissant de gérer soi-même son épargne. Quand acheter et quand vendre ses actions ? Quelle straté- gie adopter ? Voici cinq conseils pour vous aider à prendre de meilleures décisions… et réduire votre niveau de stress.


1. Se méfier de ses émotions

C’est le conseil en apparence le plus simple, mais le plus important, signalent tous les experts consultés par Les Affaires Plus : les décisions d’investissement ne devraient pas être guidées par l’émotivité et les espoirs irréalistes. «L’appât du gain, c’est l’erreur numéro un des investisseurs autonomes», affirme Youcef Ghellache, qui enseigne l’administration depuis plus de 10 ans au collège Montmorency.

Il évoque par exemple le cas classique d’un investisseur attiré par des actions à moins de 1 $ (penny stocks) ou par un secteur économique en apparence prometteur. On peut viser juste, mais il est aussi fort possible qu’on se trompe en tentant d’y aller pour le «coup de circuit», dit-il.

«Les gens ont tendance à surestimer leur intelligence, leur niveau de connaissances et leur maturité émotionnelle, moi inclus. Nous sommes humains, lance en souriant Julien Brault, le patron de l’application de finances personnelles Hardbacon. Je connais des gens qui ont une maîtrise en gestion de portefeuille et qui ont perdu énormément d’argent en prenant de très mauvaises décisions.»

À son avis, mettre l’émotivité de côté doit donc rimer avec patience. «L’une des raisons pour lesquelles les investisseurs autonomes se font avoir, c’est qu’ils sont très actifs, alors qu’il n’y a pas de raison de l’être, dit-il. Souvent, les gens vont vendre quand une action baisse plutôt que d’attendre qu’elle remonte.»

Comme planificateur financier et conseiller en gestion de patrimoine, Fabien Major en a vu de toutes les couleurs au fil des ans. «J’ai été témoin de gens qui avaient amassé un formidable patrimoine, dans les millions de dollars, et qui ont décidé d’en gérer la moitié de façon un peu compulsive», raconte-t-il. Comme ce client qui a interrompu sa sortie de vélo et qui a décidé de se ranger sur l’accotement pour vendre un titre qu’il détenait en portefeuille à partir de son téléphone quand il a constaté qu’il venait de chuter.

Selon ce dernier, un investisseur autonome devrait acheter le titre d’une entreprise de la même manière qu’il achèterait un restaurant, par exemple. C’est-à-dire en s’attardant aux paramètres clés, comme les revenus, la dette ou encore la technologie utilisée pour effectuer les commandes en ligne.

 

2. Se fixer un objectif à long terme

C’est ce que font trop peu d’investisseurs autonomes, et c’est pourtant essentiel, souligne Fabien Major. «On n’investit pas parce que notre ami a du plaisir et qu’il trouve ça facile. On investit parce qu’on a des objectifs, affirme-t-il. Quand on joue à la Bourse, l’objectif est de faire des gains à court terme. Alors que le patrimoine, c’est un objectif à long terme. Il y a une contradiction évidente.»

Même son de cloche du côté d’André Lacasse, planificateur financier chez Lacasse services financiers. «On parle beaucoup d’investissement autonome, mais je trouve qu’on oublie souvent de parler de la planification qui doit l’accompagner.» Se fixer un objectif, selon ces deux spécialistes, c’est choisir combien d’argent investir, répartir ses actifs de la bonne façon, prévoir comment la fiscalité affectera nos investissements et, surtout, avoir un but à atteindre.

Voilà pourquoi il est inutile de constamment chercher à «battre» les indices boursiers ou le rendement obtenu par les gestionnaires de portefeuille, insiste Fabien Major. Le but est plutôt d’imaginer un point d’arrivée et de prendre les moyens nécessaires pour l’atteindre.

De toute façon, «ceux qui arrivent à faire de gros coups d’argent sont généralement chanceux, parce qu’on ne peut pas prédire l’avenir», ajoute André Lacasse. «J’aimerais investir dans le prochain Google (GOOGL, 2 288,90 $US), mais je ne sais pas de quelle entreprise il s’agit.»

 

3. Diversifier son portefeuille

Vous l’avez sans doute déjà entendu, celui-là, mais les planificateurs financiers ne le répéteront jamais assez:pour maximiser vos chances de gains à long terme et vous protéger des fluctuations des marchés financiers, il est fortement conseillé de diversifier votre portefeuille.

«Si tu hérites de 100 000 $et que tu décides d’investir par toi-même dans quatre ou cinq actions parce que tu as vu quelque chose sur le Web et que tu as suivi des groupes en ligne, bonne chance, illustre André Lacasse. Mais si tu l’investis dans un portefeuille diversifié, qui touche à différents secteurs de l’économie, à court terme, il peut y avoir des fluctuations, mais à long terme, je ne suis pas inquiet.»La diversification d’un portefeuille peut se faire de différentes façons. Vous pouvez d’abord diversifier vos placements en vous assurant de détenir des titres de croissance, comme des actions, mais aussi des titres à revenu fixe, comme des obligations.

Il est également utile de diversifier les secteurs économiques d’où proviennent les entreprises dont vous détenez les titres, et la taille de ces compagnies. Vous pourriez par exemple décider de consacrer une certaine portion de votre portefeuille au secteur technologique, une autre au secteur bancaire et une troisième au secteur énergétique, tout en vous assurant d’avoir en main des titres d’entreprises matures, mais aussi de jeunes entreprises en croissance.

Il peut également être avantageux de procéder à une diversification géogra-phique:si vous avez des actions d’entreprises canadiennes, mais aussi américaines, européennes ou asiatiques, vous serez plus susceptible de profiter de la croissance économique, peu importe dans quelle région du monde elle se manifeste.

Pour diversifier son portefeuille tout en ayant des frais de gestion limités, Youcef Ghellache conseille les fonds négociés en Bourse (FNB) «tout-en-un». Ils offrent différentes pondérations d’actions et d’obligations et se rééquilibrent automatiquement en cas de fluctuations sur les marchés.

 

4. Faire attention aux frais inattendus

La Banque Nationale, Desjardins et Wealthsimple Trade attirent les regards en n’imposant pas de frais de transaction, mais cela ne veut pas dire que ces plateformes — et toutes les autres — n’imposent pas d’autres frais.

En plus des frais de transaction, les différentes plateformes peuvent par exemple facturer des frais d’inactivité — si vous n’utilisez pas votre compte pendant une certaine période —, des frais de transfert — d’un compte à un autre ou d’une institution financière à une autre — et des frais d’administration en tout genre.

Si vous achetez des actions américaines et que vous ne possédez pas de compte en dollars américains, il faut également tenir compte des frais de conversion de devises, c’est-à-dire des frais qui sont imposés pour tenir compte de l’écart entre la valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain.

Par exemple, si vous vous intéressez à l’action d’Amazon (AMZN, 2 216,21 $US), une entreprise cotée au Nasdaq, Wealthsimple Trade vous chargera des frais de 1,5 % chaque fois que vous déciderez d’acheter ou de vendre ce titre. Contrairement à d’autres plateformes, impossible de contourner le problème en créant un compte en dollars américains. En résumé, Wealthsimple Trade est «horrible pour quelqu’un qui investit aux États-Unis», explique Julien Brault.

Il faut aussi tenir compte des frais liés à la fiscalité, fait remarquer Youcef Ghellache. Certains investisseurs autonomes peuvent par exemple perdre de vue que s’ils placent leur argent dans un compte non enregistré — plutôt que dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) —, ils seront imposés sur le gain en capital, soit les profits qu’ils auront réalisés à la fin de l’année.

 

5. S’éduquer

«Une erreur classique, c’est que les gens prennent confiance trop vite», estime Youcef Ghellache. Pour réussir dans l’univers de l’investissement autonome, il faut pourtant se fier aux connaissances acquises au fil du temps plutôt qu’à l’adrénaline que procurent quelques coups de dés fructueux.

Pour parfaire vos connaissances, différentes institutions financières, y compris Desjardins, la Banque Nationale et BMO, mettent en ligne des formations, des vidéos et de la documentation qui offrent un survol des différentes notions de base ou qui permettent d’aller plus loin, au besoin.

Avant de vous lancer, vous pouvez aussi utiliser les outils de l’Autorité des marchés financiers pour évaluer votre tolérance au risque ou estimer le montant que vous aurez à investir annuellement pour obtenir le rendement que vous espérez dans 10, 20 ou 30 ans.

Les plus déterminés peuvent également suivre des cours reconnus en planification financière ou sur le commerce de valeurs mobilières, propose Fabien Major. Mais attention aux formations bidon et aux conseils du beau-frère. «Il faut toujours vérifier la validité des informations sur lesquelles on s’appuie», met en garde Youcef Ghellache.

Quand vient le moment d’investir, gare à la prise de décision sur la base de la nouvelle que vous lisez en prenant votre premier café du matin, prévient Julien Brault. «Quand je lis une nouvelle sur une entreprise, il y a sans doute des investisseurs à Wall Street qui ont déjà fait évoluer le prix de l’action pour refléter cette nouvelle réalité. Donc, investir sur la base de nouvelles, c’est probablement la pire chose qu’un investisseur puisse faire.»

À son avis, mieux vaut plutôt se plonger dans la parfois ardue, mais nécessaire lecture des rapports trimestriels et des rapports publiés par les analystes de différentes entreprises dont les actions se négocient en Bourse.