Alors qu’il était inscrit à l’université, Eloho Orogun a été approché sur le campus pour souscrire à une carte de crédit étudiante de 500$, annoncée comme un moyen d’améliorer son pointage de crédit.
Disant lui-même avoir un problème d’achat compulsif, il n’a pas fallu longtemps avant que M. Orogun ouvre une deuxième carte de crédit avec une limite plus grande.
«Plus j’avais d’argent, plus je m’endettais», a-t-il témoigné.
De mauvaises habitudes de dépenses et un manque de compréhension du fonctionnement des cartes de crédit l’ont conduit dans une spirale d’endettement qu’il lui a fallu sept ans pour briser.
Lire aussi: Quatre façons de combattre les dépenses excessives
Un rapport d’Equifax Canada publié plus tôt ce mois-ci a révélé que les Canadiens de 35 ans et moins sont ceux qui doivent le moins d’argent, mais ils sont les moins performants pour rembourser le solde de leur carte de crédit.
Le taux moyen de délinquance chez les Canadiens au troisième trimestre de cette année était de 7% plus élevé qu’à la même période l’an dernier. Ce nombre était plus élevé chez les jeunes Canadiens, la catégorie des 18 à 25 ans enregistrant une augmentation de 33%, tandis que celle des 26 à 35 ans se situait à 11%.
Rebecca Oakes, responsable des analyses avancées chez Equifax Canada, a indiqué qu’il y avait beaucoup moins de paiements par carte de crédit manqués pendant la pandémie, que ce soit en dépensant moins d’argent ou grâce aux aides du gouvernement.
Alors que les taux de délinquance sont toujours inférieurs aux niveaux d’avant la pandémie, Mme Oakes a souligné que l’augmentation pourrait indiquer des temps difficiles à venir.
«Ce n’est pas encore une sonnette d’alarme, mais il y a clairement un stress financier qui commence», a-t-elle affirmé.
Selon Natasha Macmillan, directrice des services bancaires courants chez Ratehub.ca, il y a deux raisons principales à cette tendance à la hausse.
La première concerne les dépenses refoulées de la pandémie, car beaucoup cherchent à partir en vacances et à assister à des événements auxquels ils n’ont pas pu aller pendant la pandémie.
La seconde est l’impact de l’inflation, la pression financière incitant davantage de personnes à se tourner vers leur carte de crédit pour obtenir de l’aide.
Mme Oakes a observé que les groupes d’âge plus jeunes ont tendance à être un peu plus sensibles pendant les périodes de forte inflation parce que leurs revenus ne s’ajustent pas de la même manière que les autres générations. Elle a ajouté que les jeunes sont également moins susceptibles d’avoir une épargne qui peut offrir un tampon contre les prix élevés.
À la hausse du coût de la vie s’ajoutent les dépenses liées aux festivités et aux cadeaux de la saison des Fêtes.
Il est facile de dépenser beaucoup plus pendant cette période de l’année, mais Mme Oakes a rappelé qu’il est important de tenir compte des répercussions futures.
«En janvier, février, pouvez-vous effectuer ces paiements? C’est toujours un bon point de départ», a-t-elle questionné.
Au lieu d’acheter des cadeaux extravagants, Mme Macmillan recommande d’envisager de concevoir soi-même des cadeaux ou de prévoir un échange de cadeaux pour réduire le nombre de présents achetés.
Si vous avez du mal à gérer vos dettes, Mme Macmillan suggère de suivre vos dépenses mensuelles et de créer un budget, en particulier pour déterminer où les dépenses non essentielles peuvent être réduites.
«Calculez votre budget mensuel moyen et voyez ce qu’il vous reste pour rembourser votre dette», a-t-elle conseillé.
Mme Macmillan recommande deux méthodes pour rembourser une dette croissante: l’avalanche, en remboursant d’abord la dette avec le taux d’intérêt le plus élevé, et la boule de neige, en remboursant d’abord le plus petit solde pour avoir une chose de moins à s’inquiéter.
«Cela dépend vraiment de ce qui fonctionne pour les gens et de l’endroit où ils obtiennent ces petits gains», a-t-elle dit.
M. Orogun a adopté une approche agressive pour enfin sortir de son cycle d’endettement.
Il a mis tout son argent qui n’était pas utilisé pour des paiements essentiels pour rembourser ce qu’il devait.
«[Une carte de crédit] est un outil, cela signifie que vous en êtes le maître, vous l’utilisez à votre avantage», a-t-il conclu.