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Manquer les hausses, la seule crainte qui doit vous animer

Philippe Leblanc|Édition de la mi‑novembre 2019

Manquer les hausses, la seule crainte qui doit vous animer

Un investisseur que je connais bien a vendu la totalité de son imposant portefeuille d’actions à la mi-décembre 2018, car il a abdiqué devant la correction et la forte volatilité des marchés boursiers dans les derniers mois de 2018.

On sait ce qui s’est produit par la suite… Le S&P 500 est en hausse de 24,3 % depuis le début de l’année. Depuis le 15 décembre 2018, il est en hausse de 20,0 %.

Ses choix illustrent bien ce que j’estime être la futilité du synchronisme de marché (market timing). C’est-à-dire le fait d’essayer d’entrer et de sortir de la Bourse aux bons moments.

À mon avis, il est tout à fait normal et humain d’avoir des craintes. Mais si l’on doit s’inquiéter, au moins devrait-on changer l’objet de nos appréhensions : le risque de rater les hausses de marché.

En effet, les hausses de marché sont souvent aussi subites qu’elles sont imprévisibles. Si l’on n’est pas présent en Bourse (pleinement investi) lorsqu’elles surviennent, on manquera inévitablement une grande partie des rendements qu’elles nous offrent.

Un article récent paru dans le Wall Street Journal («A Crash Will Come. And That’s OK», par Spencer Jakab, 25 octobre 2019) est très éloquent à ce sujet. L’auteur appuie son argument, selon lequel il faut rester présent en Bourse en tout temps, sur une étude fort révélatrice effectuée par Putnam Investments. Selon cette dernière, un investissement de 10 000 $ placé dans le S&P 500 en 2004 aurait valu 30 711 $ à la fin de 2018. On parle d’un rendement annuel composé de 7,77 %.

Évidemment, ce rendement aurait été obtenu en restant pleinement investi pendant la totalité de cette période de 15 ans qui, soit dit en passant, compte 5 479 jours.

J’ajouterais aussi que cette période inclut l’une des baisses historiques du marché boursier, soit la crise financière de 2008-2009. Rappelez-vous que le S&P 500 a perdu plus de 50 % de sa valeur entre mai 2008 et mars 2009.

Peut-être me voyez-vous venir avec mes gros sabots… Il aurait fallu beaucoup de chance à l’investisseur qui aurait tenté de faire du synchronisme de marché. En particulier, il aurait fallu qu’il s’assure de ne pas être absent de la Bourse pendant les quelques journées où la Bourse a particulièrement bien performé.

Voyez par vous-même : toujours selon Putnam Investments, la valeur de son investissement initial de 10 000 $ en 2004 n’aurait été que de 15 481 $ si l’investisseur avait manqué les dix 10 meilleures journées boursières de cette période de 15 ans. Pensez-y : vous perdez la moitié de vos rendements seulement en étant absent moins de 0,2 % des jours.

S’il avait raté les 20 meilleures journées boursières (moins de 0,4 %), son investissement aurait valu environ le tiers de ce qu’il aurait valu s’il était resté présent (10 042 $).

S’il avait raté les 30 meilleures journées, son investissement n’aurait valu que 6 873 $, moins que sa mise de départ. Et s’il avait raté les 40 meilleures journées ? Il ne lui resterait qu’un maigre 4 943 $.

Il semble clair que le risque principal lié au synchronisme est bien davantage celui de ne pas être présent lorsque la Bourse connaît de fortes hausses que celui de subir les contrecoups de ses corrections.

L’investisseur à long terme devrait investir en Bourse l’argent dont il n’aura pas besoin avant de nombreuses années et le laisser fructifier sans y toucher. Oui, cette méthode lui fera subir les inévitables corrections et marchés baissiers, mais elle lui permettra surtout de s’assurer de profiter pleinement des hausses souvent subites et imprévisibles de la Bourse.

On devrait avoir bien plus peur de rater les plus fortes hausses que de subir les pires baisses.