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L’été c’est fait pour relaxer, non?

Geneviève Desmarais|Mis à jour le 31 janvier 2024

L’été c’est fait pour relaxer, non?

BLOGUE INVITÉ. Sport. Humour. Médias. Technologie. Éducation. Services gouvernementaux. Municipalités. Milieux ouvriers. Services professionnels. La liste est sans fin. Pas une semaine ne passe sans que ne fasse surface un cas d’abus, d’intimidation, de harcèlement, de discrimination ou de climat de travail toxique. Et ce ne sont que les cas rapportés par les médias en raison bien souvent de la notoriété des parties ou du profil de l’organisation impliquée.

C’est l’été! On s’attendrait à plus de légèreté dans l’actualité, non? Eh bien non. On ne relaxe pas beaucoup de ce côté.

Il y a des cas plus anciens, mais il y a aussi toute une panoplie de cas dont les faits allégués sont récents et pour lesquels les victimes ont osé dénoncer les agissements dont elles estiment faire ou avoir fait l’objet, ou le climat malsain qui sévit depuis trop longtemps. Je salue d’ailleurs le courage et la détermination de ceux et celles qui dénoncent, tout en étant désolée que notre société en soit toujours là.

Chaque dénonciation est un pas dans la bonne direction pour mettre fin à la culture du silence, à la tolérance ou à l’acceptation de comportements inacceptables. Il n’y a pas de dénonciation banale. Chaque victime mérite qu’on prenne le temps de l’écouter, de comprendre sa réalité et qu’on lui offre soutien et réconfort. Pas seulement dans les milieux de travail, mais dans le sport, la culture, l’éducation et toutes les sphères de notre société. Tout un chacun doit bénéficier d’une protection adéquate en cas d’abus et d’une plus grande ouverture de ceux à qui il se confie.

C’est un message que je martèle depuis longtemps: toute organisation doit se doter d’un programme de prévention et de gestion efficace, objectif et impartial des plaintes. Elle doit surtout ne jamais faire preuve d’immobilisme lors d’une dénonciation. Jamais.

Dans de nombreux cas rapportés récemment dans l’actualité, les victimes avaient pourtant dénoncé la situation. Malheureusement, ces mêmes victimes n’ont non seulement reçu aucun support, mais leur plainte a été déposée à la «filière 13» sans trop qu’on s’y attarde. Dans d’autres cas, on se renvoie carrément la balle: ce n’était pas à nous de traiter la plainte, c’était à «eux». Avec un mécanisme clair et transparent contenu dans une politique publique et accessible, il n’y aurait pas de joute de balle. Un signalement ne tomberait pas dans l’oubli aussi rapidement, on se déresponsabiliserait un peu moins aussi facilement.

Non, toutes les plaintes ne finiront pas en enquête et ne se solderont pas par la conclusion qu’il y a effectivement eu harcèlement, abus, intimidation, discrimination ou que le climat de travail est toxique. Le décideur, que ce soit dans un processus judiciaire ou administratif, se doit d’appliquer des critères précis à la preuve recueillie.

Mais comme je le répète régulièrement aux gens que je rencontre lors d’une enquête dans le cadre de ma pratique: ce n’est pas parce que la situation décrite ne remplit pas les critères pour une détermination de harcèlement qu’il n’y a pas «autre chose». Et ce «autre chose» mérite tout autant d’être mis en lumière pour qu’on s’y attaque. Une plainte n’est bien souvent que la pointe de l’iceberg.

Qu’il s’agisse de conflits de personnalité, d’incivilité, de relations de travail difficiles, de manque de respect, de la tolérance ou de l’inaction de personnes en autorité, d’un problème de culture organisationnelle ou simplement qu’on traîne depuis trop longtemps nos vieilles histoires, l’inaction d’une organisation pour enrailler à la source ce qui peut devenir explosif et abusif entraîne des risques bien plus grands. Jouer à l’autruche ne sert à rien.

 

De quoi avons-nous besoin?

Au risque de me répéter, que collectivement on cesse de fermer les yeux sur les gestes, les paroles et les comportements inacceptables. Nous avons besoin d’actions. Mais également de formation, de sensibilisation, d’empathie, de leadership, d’une meilleure communication et d’ouverture.

Faire de la place aux victimes. Aller au fond des choses. Agir.

Bonne fin d’été.