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À surveiller: Canadien National, Loblaw, et Walmart

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 24 janvier 2024

À surveiller: Canadien National, Loblaw, et Walmart

Que faire avec les titres de Canadian National, Loblaw et Walmart? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Canadien National (CNR, 150,61 $): solides résultats, mais le titre est bien évalué alors qu’une récession menace

Six mois après le départ du PDG sous la pression de l’actionnaire militant TCI Fund Management, Canadien National a battu les prévisions sur toute la ligne au deuxième trimestre en plus de réaffirmer ses orientations financières annuelles.

Les revenus record de 4,3 milliards de dollars ont surpassé le consensus de 4 G$ tandis que le bénéfice net de 1,93 $ par action, en hausse de 30%, est 11% plus que prévu.

Enfin, le ratio d’exploitation rajusté, qui mesure l’efficacité en exprimant les charges d’exploitation en pourcentage des revenus, s’est amélioré de 2,6 points à 59%.

Comme ses collègues Cameron Doersken de la Financière Banque Nationale se montre impressionné par ce tour du chapeau, en particulier le bond de 21% des revenus par rapport à la hausse de seulement 2% des volumes de marchandises transportées. Dirigé par Tracy Robinson depuis février, le chemin de fer a nettement profité de l’augmentation de ses tarifs au-delà du taux d’inflation, des surcharges de carburant et d’autres frais d’entreposage et de services, explique l’analyste.

Alors que le fonds TCI avait critiqué son efficacité, le chemin de fer a roulé rondement malgré la congestion aux ports et une grève de deux semaines, à la fin de juin. La vitesse des wagons (wagons-milles par jour) s’est améliorée de 2% tandis que le temps de séjour (sur l’ensemble du réseau, en heures) s’est amélioré de 6%, note l’analyste. L’efficacité énergétique a aussi atteint un record: soit 0,838 gallon américain de carburant de locomotive consommé par 1000 tonnes-milles bruts (TMB).

Déjà, au troisième trimestre à ce jour, les volumes par tonnes mille commerciales, qui mesurent le poids et la distance des marchandises transportées, ont crû de 11% grâce au charbon, au secteur automobile et aux produits pétroliers et chimiques.

Pour 2022, le CN maintient les objectifs qu’elle avait réduits en avril, soit une croissance de 15 à 20% des bénéfices, un ratio d’exploitation inférieur à 60% et des flux de trésorerie disponibles de 3,7 à 4 G$.

«Étant donné le meilleur deuxième trimestre que prévu, les investisseurs gagneront en confiance que le CN puisse atteindre et même dépasser le haut de la fourchette des prévisions», évoque Cameron Doersken qui hausse d’ailleurs ses prévisions pour 2022 et 2023.

Malgré ce portrait encourageant et un cours cible en hausse de 6 $ à 160 $, Cameron Doersken ne recommande pas l’achat du titre qu’il juge déjà bien évalué.

L’action se négocie en effet à un multiple de 19,1 fois ses prévisions de bénéfices pour 2023, ce qui représente une plus-value par rapport à ses semblables.

«Nous croyons aussi que la menace de récession risque de freiner l’évaluation du titre à court et moyen terme», prévient-il.

Son nouveau cours cible laisse tout de même entrevoir un rendement total potentiel de 12,2%, incluant le dividende de 1,9%.

 

Loblaw (L, 121,28 $): des orientations relevées après un bénéfice 5% mieux que prévu 

Loblaw (L, 121,28 $): des orientations relevées après un bénéfice 5% mieux que prévu

L’épicier et pharmacien a surpassé le consensus au deuxième trimestre grâce au rebond des achats non essentiels après les restrictions sanitaires et à un bon contrôle des coûts, note Chris Li de Desjardins Marché des capitaux, dans une note préliminaire.

Le bénéfice de 1,69 $ par action est de 5% supérieur à la moyenne des analystes (1,61 $), mais Chris Li avait prévu 1,66$. Il s’agit d’une hausse de 25% par rapport au même trimestre de l’an dernier.

Loblaw a bénéficié du dé-confinement qui a ramené les consommateurs en épicerie et en pharmacie où les ventes d’articles moins essentiels, mais plus rentables, ont rebondi. Cette reprise a compensé la mollesse des ventes d’aliments par épiceries comparables qui ont augmenté de 0,9% au lieu du rebond prévu de 3,5% par Chris Li. Il semble que la facture moyenne ait diminué malgré la hausse de la fréquentation des établissements.

Le retour des achats moins essentiels, dont les produits de beauté, a relevé la marge brute d’activités au détail de 50 points de pourcentage au lieu des 30 points prévus.

Les pharmacies ont pour leur part bénéficié d’une hausse marquée des prescriptions de médicaments pour les maladies sévères et chroniques, si bien que les ventes par pharmacies comparables ont bondi de 6,1%. La valeur moyenne des prescriptions a crû de 3,6%.

Le contrôle des coûts a aussi porté fruit. Les dépenses générales et administratives de 2,51 milliards de dollars ont été légèrement moins élevées que prévu. Les dépenses associées à la COVID-19 ont baissé davantage que celles qu’a exigées le retour à la normale des opérations, indique l’analyste.

La division financière a aussi surpassé les prévisions de revenus de Chris Li grâce aux revenus d’intérêts et des frais prélevés sur les cartes de crédit. Le bénéfice d’exploitation a légèrement baissé en partie parce que les clients ont échangé plus points du programme de fidélité pour régler leurs achats.

Encouragée par la performance à la fin du premier semestre, Loblaw relève ses prévisions de croissance pour 2022. Chris Li déduit des orientations fournies que le bénéfice croîtra de 8 à 16% et qu’il se situera entre 6,43 et 6,65 $ par action, par rapport au consensus actuel de 6,41 $.

L’analyste rajustera ses propres prévisions et son cours cible de 116 $, soit 5% sous le cours actuel de Loblaw, après la téléconférence matinale.

 

Walmart (WMT, 121,98 $ US): un deuxiиme avertissement décevant qui fait peut-être table rase

Walmart (WMT, 121,98 $ US): un deuxième avertissement décevant qui fait peut-être table rase

 

Malgré l’avertissement que les marges seront nettement plus minces que prévu au deuxième trimestre et semestre, Kelly Bania de BMO Marchés des capitaux espère que la deuxième mise en garde du géant en trois mois fait table rase pour l’avenir.

L’analyste cite divers motifs pour accorder le bénéfice du doute à Walmart. D’abord, les ventes par magasins comparables aux États-Unis ont crû de 6% au deuxième trimestre en raison de l’effet de l’inflation alimentaire sur les revenus.

De plus, Walmart prévoit toujours une croissance de 3% des ventes par magasins comparables, au deuxième semestre. Enfin, malgré la «visibilité réduite», le détaillant lui semble bien positionné en tant que destination à bas prix pour les consommateurs dans l’environnement actuel, après une période intense d’investissements.

Kelly Bania est confiante que les marges brutes se rétabliront après le creux observé en 2022 qui a été marqué par un surplus de marchandises à écouler au rabais et par une chute de la demande pour les produits discrétionnaires parce que les consommateurs se serrent la ceinture en réaction à l’accélération de la hausse des prix des aliments qui dépasse 10%.

Bien que l’inflation des aliments gonfle mathématiquement les ventes, cette catégorie est beaucoup moins rentable pour le détaillant et cannibalise les dollars qui auraient été autrement dépensés dans les autres catégories de marchandises.

Walmart se dirige vers une marge annuelle avant intérêts et impôts déprimée de 3,8 à 3,9%, soit 3 milliards de dollars américains de moins que prévu en mai, estime l’analyste de BMO. «La grande question est à quel niveau la marge se rétablira une fois que le plancher de 2023 ne sera plus le point de comparaison», écrit-elle.

Pour l’instant, Kelly Bania entrevoit le retour d’une marge avant intérêts et impôts de 4,3% en 2024, soit à peine 25 points de pourcentage de plus que la marge dégagée en 2019, malgré les énormes investissements du détaillant dans le commerce en ligne incluant la vente de publicité, précise-t-elle.

«L’avertissement déçoit et signale que les perspectives de tout le secteur de la consommation sont imprévisibles, mais le titre de Walmart est encore attrayant pour un détaillant mondial dont la taille et le positionnement de leader des bas prix sont difficiles à répliquer», conclut l’analyste.

Kelly Bania abaisse son cours cible de 165 à 160 $ US, soit 23 fois le nouveau bénéfice projeté pour 2024. Cet objectif offre tout de même un potentiel de regain de 31%.

Ses prévisions de bénéfice passent de 1,84 à 1,62 $ US pour le deuxième trimestre, de 6,39 à 5,62 $ US pour 2023 et enfin de 7,05 à 6,85 $ US pour 2024.