À surveiller: Quincaillerie Richelieu, Loblaw et Brookfield
Dominique Beauchamp|Mis à jour le 24 janvier 2024Que faire avec les titres de Quincaillerie Richelieu, Loblaw et Brookfield? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Quincaillerie Richelieu (RCH, 42,60$): bon trimestre en vue, malgré deux vents contraires
Meaghen Annett de TD Valeurs mobilières s’attend à un solide troisième trimestre pour le grossiste de quincaillerie architecturale, le 7 octobre. Elle se dit néanmoins prudente parce que les chaînes d’approvisionnement sont alors perturbées tandis que les ventes aux détaillants de rénovation se modèrent.
Bien que Quincaillerie Richelieu puisse naviguer les problèmes d’approvisionnement grâce à son pouvoir d’achat et à la grande diversité de ses fournisseurs, les difficultés se sont amplifiées ces derniers mois pour tous les manufacturiers et les distributeurs, dit-elle.
Le grossiste refile notamment à ses clients la hausse des prix tout en réduisant certains coûts, ajoute l’analyste.
Les ressources financières du grossiste deviennent un atout pour sécuriser son approvisionnement dans la «conjoncture unique actuelle», renchérit Meaghen Annett.
Au troisième trimestre, les ventes aux grands détaillants de Richelieu déclineront par rapport à la robuste demande pandémique de 2020. Heureusement, les ventes aux fabricants d’armoires de cuisine, de meubles, de portes et de fenêtres — qui représentent 35% du chiffre d’affaires — continuent de croître à bon rythme.
Au final, Meaghen Annett prévoit une hausse de 14% des ventes trimestrielles (à 354,8 millions de dollars), dont 4% proviennent des acquisitions. La marge d’exploitation devrait reculer de 137 points de pourcentage (à 14,4%) tandis que le bénéfice par action devrait avancer de 4,5% à 0,53 $ par action.
Les acquisitions restent la priorité dans la répartition du capital et la société a probablement conclu d’autres achats au troisième trimestre, dit-elle. Toutefois, l’analyste s’attend à ce que la société reste aussi disciplinée qu’avant, à cet égard.
Le distributeur a aussi racheté 9,8 M$ de ses actions au cours du troisième trimestre, au cours moyen de 41,88 $ chacune.
Au cours actuel, l’analyste recommande encore de conserver le titre parce que les ventes au marché de la rénovation pourront difficilement soutenir le rythme pandémique élevé ce qui pourrait freiner l’appréciation du titre.
Son cours cible de 47 $, qui offre un gain potentiel de 10,3%, repose sur un fort multiple de 24,5 fois le bénéfice prévu en 2022.
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Loblaw (L, 85,94$): l’épicier en voie de rattraper son retard
Michael Van Aelst, de TD Valeurs mobilières, estime que les perspectives de croissance de Loblaw s’améliorent. Le nouveau parcours plus prévisible devrait donc rétrécir l’écart d’évaluation du titre par rapport à celle de Metro (MRU, 60,7 $), espère-t-il.
L’évaluation de 15,9 fois le bénéfice prévu dans 12 mois de Loblaw se compare à celle de 17,4 fois de Metro bien que le taux de croissance des bénéfices des deux prochaines années de Loblaw sera trois fois supérieur (16%) à celui de Metro (5%).
L’analyste profite aussi du dévoilement des résultats du troisième trimestre, attendus le 17 novembre, pour faire le point sur l’épicier.
Il relève légèrement ses prévisions pour le bénéfice trimestriel de 1,41 à 1,45 $ par action. Il s’agit d’une progression de 12,4% pour le trimestre qui sera encore déformé par l’effet pandémique.
Les ventes par épicerie comparable devraient baisser d’un pour cent parce qu’on les compare au boum des achats d’un an plus tôt. En revanche, la reprise des ventes de cosmétiques devrait faire croître les ventes de marchandises par pharmacie comparable de 5%.
Toutefois, c’est surtout parce qu’il croit que les investissements stratégiques des dernières années rapporteront enfin au cours des prochaines années qu’il recommande l’achat du titre et hausse son cours cible de 95 à 98 $.
Après avoir perdu des parts de marché, Loblaw reprend du mieux depuis la fin de 2020. D’ailleurs, l’analyste prévoit un rebond de 26% du bénéfice en 2021, suivi d’un rythme de croisière de 10 à 11% en 2022 et en 2023.
Michael Van Aelst attribue cette reprise au coup de barre amorcé en mai 2021 qui vise à relever la performance opérationnelle de l’épicier, aussi propriétaire de Shoppers Drug Mart. Le nouveau cadre financier prévoit que la croissance annuelle de 2 à 4% des revenus, le maintien des marges brutes, le levier opérationnel et le rachat annuel des actions fassent progresser le bénéfice par action de 8 à 10% à long terme.
L’amélioration provient aussi du retour des clients dans les épiceries au rabais et de la hausse des ventes des cosmétiques, une catégorie plus rentable.
Loblaw tente aussi de mieux équilibrer les exigences entre l’exécution au quotidien en magasin, les ventes, les marges et celles des projets plus stratégiques à long terme. Le groupe cultive aussi plus de collaboration entre les divisions afin d’atteindre les objectifs communs à l’ensemble de l’organisation.
Loblaw réduit la taille de certains magasins afin d’en relever le rendement, ferme certains établissements moins performants, ajoute des magasins là où c’est attrayant et puise dans les données d’achats des clients pour bonifier le programme de loyauté.
Michael Van Aelst juge que le commerce en ligne est encore un chantier non achevé. «Il faut des économies d’échelle importantes pour rentabiliser les ventes en ligne puisque chaque achat en ligne remplace un achat plus rentable effectué en magasin, à moins que les ventes en ligne ne raflent aux parts de marché aux rivaux», explique-t-il.
Étant donné le coût énorme qu’exige un centre de distribution dédié et automatisé, Loblaw a moins investi dans son infrastructure que d’autres épiciers, si bien que la pénétration des ventes en ligne a baissé de plus de 7 à 5% depuis un an.
Le taux de pénétration pourrait reculer davantage après la pandémie, mais l’analyste soutient que la collecte en magasin des commandes assemblées par les employés pourrait s’avérer un avantage à plus court terme.
Michael Van Aelst s’attend aussi à ce que la vente de publicité sur la plateforme en ligne PC Express ajoute à la rentabilité, à partir de 2022.
«Loblaw est l’une des rares grandes entreprises du secteur de la consommation de base à offrir des bénéfices aussi visibles, des flux de trésoreries disponibles aussi solides en plus du potentiel de rejoindre l’évaluation de certains de ses rivaux», conclut l’analyste de TD.
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Brookfield Asset Management (BAM, 68,10$): l’inflation est favorable à la valeur et au rendement du capital
Le gestionnaire d’actifs immobiliers, d’infrastructures et d’énergie renouvelable devrait profiter en Bourse de l’accélération de l’inflation et du retrait de liquidités par la Fed, avance Mario Sario de Banque Scotia.
L’analyste donne en exemple la période de 2013 pour étayer sa thèse. Le titre avait connu une performance mitigée pendant que les investisseurs spéculaient sur la possibilité que la Fed réduise ses rachats d’obligations, soit de mai à décembre 2013. Le titre avait par contre surpassé le marché et rebondi de 27% entre décembre 2013 et octobre 2014, une fois que la banque centrale avait commencé son «resserrement quantitatif».
L’analyste attribue cette trajectoire au fait que l’inflation fait tout simplement croître la valeur de son actif net. Son titre fait alors mieux que la Bourse et les banques, dans ce type d’environnement.
Le gestionnaire fait aussi remarquer que la gestion d’actifs de Brookfield est à plus forte intensité de capital qu’en 2013. La gestion d’actifs représente 45% de sa valeur d’actif net et cette proportion devrait passer à 55%, d’ici 2026, précise-t-il.
En principe, son bilan plus costaud confère au titre une certaine forme de protection à cause de la valeur sous-jacente des actifs, explique Mario Sario. L’inflation devrait aussi soutenir le rendement du capital investi, prévoit-il.
La moins bonne performance du titre depuis juillet offre l’occasion d’acheter une entreprise de haute qualité au moment où Brookfield récolte des milliards de capitaux externes pour ses fonds d’investissement.
Mario Sario accorde une valeur de 6,35 $CA par action aux nouveaux capitaux en voie d’être récoltés, ce qui porte à 89 $CA la valeur d’actif nette qu’il attribue à la société d’ici un an. C’est sans compter la réévaluation potentielle à la hausse des actifs immobiliers commerciaux de la société à mesure que l’effet de la pandémie s’estompera à plus long terme.
L’analyste établit son cours cible à 80,24 $CA, ce qui offre un gain potentiel de 17,8% par rapport au cours actuel.