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Il faut migrer vers l’industrie 5.0 maintenant!

Louis J. Duhamel|Mis à jour le 31 janvier 2024

Il faut migrer vers l’industrie 5.0 maintenant!

BLOGUE INVITÉ. Dans mon dernier blogue, je vous enjoignais de changer votre vocabulaire d’industrie 4.0 à industrie 5.0, la première étant une œuvre non seulement inachevée, mais surtout incomplète.

Outre sa composante numérique, la 5e révolution industrielle met l’humain au cœur de la transformation et inclut également la réduction urgente de l’empreinte en gaz à effet de serre (GES) des entreprises manufacturières.

Après tout, le secteur industriel ne peut pas se vanter d’être le premier secteur consommateur d’énergie et le 2e producteur de GES au Québec, après son cousin du transport.

L’industrie 5.0 est pour le moment un phénomène surtout européen et prône une réindustrialisation durable et responsable.

Le président français, Emmanuel Macron, en avait d’ailleurs fait sa marotte lors de la dernière campagne électorale.

On doit cependant l’étendre à l’Amérique du Nord et à l’ensemble de la planète.

Le génie marketing allemand, qui nous a si bien éduqués à l’urgence d’entreprendre la transition numérique avec l’industrie 4.0, nous enjoint maintenant à migrer avec raison vers le 5.0.

 

Au-delà de l’économie et la technologie, la durabilité

L’industrie 5.0 met de l’avant une activité industrielle qui va plus loin que les simples objectifs techniques et économiques, comme l’efficacité et la productivité. Elle privilégie d’autres objectifs incontournables de l’avenir du secteur manufacturier.

Parmi ceux-ci, on retrouve le bien-être des équipiers, des pratiques respectueuses de l’environnement et également une résilience tellement nécessaire en sortie de crise sanitaire, climatique ou géopolitique, dépendamment d’où vous vous trouvez dans le monde.

En effet, seules des stratégies préventives et résilientes peuvent permettre de mitiger les risques d’interruption et de perturbation, et ce, afin de voir venir les événements.

Ces anomalies ont fait mal et fragilisent nos fabricants depuis la COVID-19, peu importe qu’elles soient reliées à la production, au manque de main-d’œuvre ou aux approvisionnements.

Pour en rajouter une couche, plusieurs prétendent que ces perturbations seront la norme et non plus l’exception.

Paradoxe intéressant, ce seront les technologies numériques qui viendront à la rescousse, permettant d’anticiper et de s’adapter à des changements brusques et parfois imprévisible.

Les progiciels de gestion de la chaîne d’approvisionnement permettant de numériser la chaîne de l’entreprise et de créer une véritable tour de contrôle qui peut scruter chaque maillon et partie prenante en temps réel en sont un bon exemple.

Pour diminuer son empreinte écologique, le secteur manufacturier devra entre autres prôner l’utilisation d’énergies renouvelables, la réduction de ses émissions de GES et l’adoption de processus circulaires permettant la réutilisation et le recyclage des ressources et la réduction des déchets.

Heureusement, les fabricants ont en général déjà l’ADN pour le faire, étant sensibles au gaspillage des intrants à la production et étant adeptes de processus LEAN, sans parler de la valorisation des résidus.

Outre l’avenir de la planète pour les générations futures, le risque de ne pas passer à l’action est énorme.

L’avenir du secteur se retrouve entre les mains des générations Y et Z, soit la fourchette des 20 à 45 ans.

Ce segment est particulièrement sensible aux aspects écologiques et humains dans le choix d’une entreprise où faire carrière.

Avec la pénurie de main-d’oeuvre qui s’invite jusqu’en 2030, ce n’est pas le temps de se rendre la tâche encore plus difficile avec sa marque employeur. Idem du côté de la marque commerciale, avec une clientèle de plus en plus sensible à ces aspects.

 

L’humain avant tout

Le débat prend forme et occupe de plus en plus d’espace.

Plusieurs prétendent que la technologie doit être avant tout au service de l’humain et non le contraire.

On souhaite une collaboration humains/machines qui se renforce et se complète, ainsi qu’une utilisation des technologies exponentielles qui ne portent pas atteinte aux droits fondamentaux des travailleurs.

En somme, l’humanité doit se trouver un nouveau rôle dans l’avenir du travail.

Plusieurs entreprises demeurent en retrait de leur transition numérique en l’absence de gestionnaires qualifiés et de travailleurs numériques à l’interne pour planifier, guider et activer le processus.

D’autres restent sur leur faim avec une transition en cours qui demeure essentiellement technologique, et souhaitent ramener l’humain au cœur du processus.

Afin de profiter à la fois aux entreprises, aux travailleurs et à notre planète, la 5e révolution industrielle devra se départir de son aura essentiellement technologique.

La phase d’émerveillement au potentiel transformationnel du numérique que nous vivons depuis 5 ans ne doit pas nous aveugler et faire en sorte de laisser de côté les deux facteurs qui feront son succès ou son échec, soit l’humain et la durabilité.

Le futurologue suisse et expert en intelligence artificielle Martin Ciupa croit qu’il pourrait bien s’agir de la dernière révolution industrielle, tellement l’œuvre de l’industrie 5.0 est complète et qu’il semble impensable d’aller plus loin que l’intelligence artificielle.

L’avenir nous le dira.