SPÉCIAL PME. Au café félin Ma langue aux chats, à quelques pas de la gare fluviale de Québec, le portier est un yorkshire-terrier. Le petit chien renifle autour des visiteurs jusqu’à ce qu’ils enlèvent leurs chaussures, puis les escorte jusqu’à la salle de bains, où ils doivent se laver les mains avec de l’eau et du savon (certains produits désinfectants peuvent être toxiques pour les animaux).
Au café félin Ma langue aux chats, à quelques pas de la gare fluviale de Québec, le portier est un yorkshire-terrier. Le petit chien renifle autour des visiteurs jusqu’à ce qu’ils enlèvent leurs chaussures, puis les escorte jusqu’à la salle de bains, où ils doivent se laver les mains avec de l’eau et du savon (certains produits désinfectants peuvent être toxiques pour les animaux).
Les clients sont ensuite libres de commander une boisson ou un sandwich et de passer quelques heures en compagnie du chien et des 14 chats de l’établissement, sélectionnés soigneusement par les copropriétaires, Lisa Cyr et Marie-Pier Tremblay.
Toutes deux retraitées des Forces armées canadiennes, elles vivent avec un trouble de stress post-traumatique (TSPT). L’année dernière, elles ont acheté le café afin de le transformer en un centre de zoothérapie et de formation à l’emploi pour des personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA), un TSPT, un trouble anxieux ou une déficience intellectuelle. L’endroit compte actuellement trois employés, un bénévole et deux stagiaires qui vivent avec un TSA ou un trouble anxieux.
Le café félin Ma langue aux chats n’est pas un organisme à but non lucratif et ne reçoit pour le moment aucune subvention d’Emploi-Québec. Les copropriétaires rêvent toutefois de mettre sur pied une fondation. « Nous embauchons des personnes qui ont des limitations, mais nous sommes un restaurant normal », souligne Lisa Cyr. Très sporadiquement, des clients se plaignent d’un oubli ou d’un service lent, mais selon elle, « il n’y a jamais eu de vrais problèmes » liés aux limitations de ses troupes.
Prendre le temps
Après tout, le rythme n’est pas rapide. Les deux horloges sont figées à 11 h 11, en hommage aux vétérans, certes, mais aussi pour que personne ne ressente la pression du temps. « On a créé le café pour avoir un endroit où les gens ne se sentent pas jugés ou stressés ; ni les clients ni les employés », note Lisa Cyr, dont les formations en psychologie et logistique se révèlent très utiles. Elle trouve les résultats concluants. « Quand ils arrivent, nos stagiaires autistes, par exemple, se sentent très « pognés » en dedans, ils ressentent beaucoup de stress. Mais ils apprennent à faire le café, à cuisiner, c’est impressionnant. »
Nicholas Paquin, 29 ans, qui est autiste, fait partie de la brigade de cuisine à titre de bénévole à temps partiel. Anglophone de naissance, il est très apprécié des touristes. « Je coupe les légumes, j’apporte des menus, je m’occupe de la litière, j’aide les familles anglophones… Je fais un peu de tout », résume celui qui compte bientôt intégrer l’équipe des employés. « C’est dur pour des autistes de trouver un endroit où ils se sentent à l’aise, mais le travail me donne l’impression de faire une différence. »
« En tant que personnes avec un trouble de stress post-traumatique, c’est difficile pour nous d’être comprises et acceptées, renchérit Lisa Cyr. C’est dur aussi pour ces jeunes adultes qui sont trisomiques ou autistes… Sauf qu’ils ont le droit de travailler, d’apprendre et d’avoir une vie. Si on leur donne le temps et si on est patients, ça paie pour tout le monde. »