Le président de Rio Tinto, Simon Thompson, a déclaré mercredi qu’il prenait la responsabilité de la destruction par le géant minier de sites autochtones sacrés en Australie pour accéder au minerai de fer, et par conséquent, il ne sollicitera pas d’autres mandats.
L’annonce de Simon Thompson est intervenue après que l’ancien directeur général Jean-Sébastien Jacques eut annoncé sa démission en septembre dernier. En mai, deux grottes ont été détruites à Juukan George, dans l’État d’Australie-Occidentale, sur un site patrimonial vieux de 46 000 ans.
Les succès de la société en 2020 ont été «éclipsés par la destruction des abris de Juukan Gorge (…) et, en tant que président, je suis en fin de compte responsable des échecs qui ont conduit à cet événement tragique», a déclaré Simon Thompson dans un communiqué.
«Les événements tragiques de Juukan Gorge sont une source de tristesse personnelle et de profonds regrets, en plus d’être une violation flagrante de nos valeurs en tant qu’entreprise», a-t-il ajouté.
Jamie Lowe, directeur général du National Native Title Council, qui représente les propriétaires traditionnels australiens des terres, a décrit le départ de Simon Thompson comme une étape nécessaire que les peuples autochtones réclamaient depuis que les grottes ont été détruites.
«Nous pensons que le changement culturel au sein de Rio Tinto devait se produire rapidement et il est dommage qu’il ait fallu environ huit mois pour que cela se concrétise», a déclaré Jamie Lowe.
Colère des actionnaires
Jean-Sébastien Jacques a été remplacé au poste de directeur général en janvier par Jakob Stausholm.
Les dirigeants Chris Salisbury et Simone Niven ont également quitté l’entreprise l’année dernière en raison de la colère des actionnaires face à la destruction du site.
Rio Tinto a annoncé mercredi que le directeur Michael L’Estrange quitterait le conseil d’administration à l’issue des assemblées générales annuelles d’avril en Grande-Bretagne et en Australie.
Michael L’Estrange a mené un examen interne largement critiqué sur la façon dont les grottes ont été détruites contre la volonté des propriétaires traditionnels.
L’examen a conclu en août qu’il n’y avait «aucune cause fondamentale ou erreur qui avait directement entraîné la destruction des grottes».
Mais des documents internes ont révélé en septembre que Rio Tinto avait engagé un cabinet d’avocats au cas où les propriétaires traditionnels demanderaient une injonction du tribunal pour sauver les grottes.
Le gouvernement de l’Australie-Occidentale a promis de mettre à jour les lois sur le patrimoine autochtone qui ont permis à Rio Tinto de détruire légalement les sites sacrés.