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François Normand

Zoom sur le monde

François Normand

Expert(e) invité(e)

Les exportations du Québec reculent par rapport au PIB

François Normand|Mis à jour le 04 mars 2024

Les exportations du Québec reculent par rapport au PIB

Depuis le creux la récession mondiale de 2009, les exportations québécoises de marchandises ont bondi de 60% pour atteindre 92,3 milliards de dollars. Bonne nouvelle? Pas si vite, car comparé à son PIB, les exportations du Québec sont en fait en déclin depuis le début années 2000, selon l’analyse d’un ancien diplomate québécois.

Une situation qui est très préoccupante, affirme Michel Côté, ancien délégué général du Québec à Munich (2013-2014), qui agit aujourd’hui à titre de conseiller stratégique aux politiques publiques à l’exportation et à l’innovation pour des organisations.

«Cela signifie que le PIB québécois croît plus vite que les exportations internationales de la province», dit-il en entretien Les Affaires.

L’enjeu est de taille, car le Québec est un petit marché de 8,2 millions d’habitants.

Il doit donc accroître ses ventes de biens et de services à l’étranger pour assurer la prospérité de ses entreprises et créer des emplois, pas seulement en valeur absolue, mais aussi par rapport à la production de biens et de services dans son économie.

Des économies y arrivent, mais aussi la moyenne des pays de l’Organisation et de coopération économiques (OCDE) et de l’Union européenne, comme on peut le constater sur ce tableau tiré de l’analyse de Michel Côté (Soutien public aux entreprises exportatrices : renouveler le modèle québécois).

C’est notamment le cas de l’Autriche, un pays de 8,7 millions d’habitants. Depuis 2000, ses exportations par rapport au PIB sont passées de quelque 45% à plus 50%, en 2016 (les données comparatives les plus récentes).

L’Allemagne, le moteur économique de l’Europe, réussit également à accroître ses expéditions à l’étranger plus rapidement que la création de richesse : entre 2000 et 2016, le ratio exportations/PIB est grosso modo passé de 31% à 46%.

Les exportations du Québec sont trop concentrées aux États-Unis

Comme expliqué le déclin du ratio au Québec (il est passé d’environ 42% en 2000 à 28% en 2016), un déclin que l’on observe également au Canada?

Michel Côté affirme que cette situation tient essentiellement à la perte des parts de marché du Québec aux États-Unis raison de l’augmentation de la concurrence étrangère de pays comme la Chine, dont les exportations ont explosé chez nos voisins.

Comme la vaste majorité (70%) de nos exportations sont acheminées aux États-Unis (75% pour le Canada), le déclin des parts de marché du Québec sur ce marché affecte donc l’ensemble de ses exportations par rapport au PIB.

Certes, les exportations québécoises continuent d’augmenter en valeur absolue aux États-Unis, mais moins rapidement que celles de la Chine et surtout moins rapidement que la croissance du PIB québécois.

Commencer relations les exportations par rapport au PIB

Le Québec doit donc corriger le tir afin que ses exportations augmentent plus rapidement que la progression de son économie, insiste Michel Côté.

Pour y arriver, la province doit donc diversifier ses marchés pour réduire le poids relatif des États-Unis dans ses exportations, à commercer par le marché de l’Union européenne, avec laquelle le Canada a un accord de libre-échange depuis 2017.

«Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier», souligne l’ancien délégué du Québec à Munich.

Pour sa part, le gouvernement du Québec doit investir beaucoup plus d’argent pour aider les entreprises québécoises à augmenter leurs ventes à l’étranger.

Actuellement, le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) et le ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) consacrent environ 55 millions de dollars par année pour faire la promotion des exportations, selon Michel Côté.

Or, c’est beaucoup moins les sommes investies par les pays de l’OCDE pour soutenir leurs exportations, selon une vaste étude à ce sujet, Anatomy and Impact of Export Promotion Agencies, publiée en 2018.

Ainsi, en moyenne, les pays de l’OCDE dépensent entre 0,09% et 0,12% de la valeur de leurs exportations pour soutenir leurs entreprises à l’étranger. Si le Québec était dans la moyenne, son soutien aux exportateurs oscillerait de 157,5 à 210 M$ au lieu de 55 M$.

Cela dit, augmenter les dépenses en promotion des exportations n’est pas une panacée pour relancer les ventes de biens et de services à l’international, insiste Michel Côté.

«Il faut une nouvelle approche, en impliquant davantage l’expertise du secteur privé», dit-il, en donnant l’exemple de l’Allemagne, où les chambres de commerce allemandes à l’étranger sont très impliquées dans la promotion des exportations du pays.

À ses yeux, le Québec aurait aussi tout intérêt à mieux structurer sa présence à l’étranger, en regroupant sous un même toit trois grandes familles de services :

  • Innovation et l’investissement : développement de réseaux, promotion, congrès, expositions, conférences.
  • Exportations : offre de services professionnels facturables pour les entreprises de taille moyenne.
  • Accélérateur d’accès aux marchés : sectoriel et stratégique, stages gratuits, recrutement, mentors, réseaux, investisseurs, partenaires.

Michel Côté croit aussi qu’il serait préférable de créer un nouveau réseau de bureaux (dans lesquels les partenaires privés seraient majoritaires).

Il fonctionnerait donc en parallèle du réseau public des 32 représentations du Québec à l’étranger (délégations générales, délégations, bureaux, antennes et représentations en affaires multilatérales) situées dans 18 pays sur quatre continents.

Chacun de ces nouveaux bureaux ferait la promotion des exportations et la prospection d’investissements étrangers.

Ces bureaux pourraient par exemple abriter des représentants de la Caisse de dépôt et placement du Québec, de Desjardins, d’associations d’affaires et des regroupements en R-D tels que le Regroupement sectoriel de recherche industrielle (RSRI).

Des organisations qui connaissent bien les forces du Québec pour exporter ou attirer des investissements, affirme Michel Côté. «Il faut identifier les secteurs d’excellence pour notre économie.»