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Ottawa doit se doter d’une vision pour le système alimentaire

Sylvie Cloutier|Mis à jour le 31 janvier 2024

Ottawa doit se doter d’une vision pour le système alimentaire

BLOGUE INIVITÉ. La campagne électorale qui vient de se terminer a été teintée par les conséquences de la pandémie, la priorisation des projets socio-économiques et la remise sur les rails de notre économie. Bien que l’industrie alimentaire soit l’un des secteurs industriels les plus importants au Canada, et le premier secteur manufacturier au Québec, peu de partis politiques l’ont identifié comme enjeu électoral.

Notre secteur économique a su faire preuve de résilience tout en « performant » au-delà de la très mauvaise conjoncture de l’emploi et des difficultés de la chaîne d’approvisionnement. La résilience et l’agilité de l’industrie alimentaire, notamment des transformateurs, ont permis d’éviter une intervention ou même l’attention des gouvernements.

Ainsi, au niveau des priorités dans les investissements de haut niveau, le secteur alimentaire continue de se positionner très loin derrière d’autres secteurs manufacturiers qui bénéficient d’investissements plus importants dans des technologies et des procédés perçus comme plus novateurs.

Malgré sa taille et son importance, le secteur industriel alimentaire se heurte à des obstacles récurrents qui menacent sa stabilité et sa capacité de croissance.

Si la crise actuelle liée à la pandémie nous a fait davantage prendre conscience du nécessaire équilibre du système alimentaire canadien, elle a également mis en évidence la fragilité de l’approvisionnement alimentaire du pays.

 

Le Canada est un leader, mais pourra-t-il le demeurer?

Le Canada est un chef de file mondial en matière de production d’aliments et de boissons, mais le maintien de cette position de leader et la concrétisation de son plein potentiel nécessitent une action immédiate des autorités en fonction d’enjeux stratégiques clés.

Les enjeux concernant les aliments, entre autres la hausse des prix des intrants, la pénurie de main-d’œuvre et l’affaiblissement de la chaîne d’approvisionnement, ont été évoqués du bout des lèvres par certains candidats sans que nous obtenions un engagement ferme pour aborder dès maintenant des facteurs qui influenceront, plus tôt que tard, le prix du panier d’épicerie.

Afin de réfléchir à un développement durable et à valeur ajoutée, l’industrie a présenté aux différents partis politiques plusieurs recommandations afin d’aborder les grands enjeux alimentaires dans un horizon de plusieurs décennies.

Ces propositions ont été émises pour pallier les problèmes qui empêchent notre secteur de réaliser son plein potentiel de croissance :

  • Un engagement à entreprendre un examen des besoins actuels et des prévisions en matière de main-d’œuvre, et à élaborer des plans d’action pour s’assurer que le Canada dispose des talents dont il a besoin pour atteindre ses objectifs économiques et sociaux.
  • Un engagement à élaborer une stratégie nationale visant à assurer la disponibilité de gens de métiers spécialisés au Canada, et à collaborer, de manière coordonnée, avec les gouvernements provinciaux à la mise en œuvre de recommandations et de plans d’action visant à atténuer la crise de la main-d’œuvre dans les métiers spécialisés.
  • Un engagement à soutenir les travailleurs étrangers au Canada, en créant notamment un volet national d’immigration économique qui se consacre aux compétences requises par le secteur de la fabrication des aliments et des boissons du Canada et qui les valorise; un programme pour les travailleurs étrangers temporaires du secteur agroalimentaire qui reconnaît les pénuries de main-d’œuvre saisonnières et permanentes auxquelles les fabricants d’aliments et de boissons canadiens font face; et une voie d’accès à la résidence permanente pour les travailleurs de secteurs essentiels, qui incluent le secteur alimentaire.
  • Un engagement à établir un nouveau fonds d’innovation de 150 millions de dollars conçu pour appuyer l’adoption de l’automatisation et de la robotique dans le secteur de la fabrication des aliments et des boissons; soutenir la mise en place d’un secteur national de l’équipement d’automatisation pour la fabrication des aliments et des boissons; et s’assurer que le processus d’approbation réglementaire du Canada soutienne l’innovation.

 

En terminant, nous espérons que le ou la prochain(e) ministre fédéral de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire reçoive un mandat clair qui assurera la consolidation de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement alimentaire du Canada, et de veiller à ce que des initiatives stratégiques axées sur la transformation alimentaire à valeur ajoutée soit partie intégrante d’une vision à long terme pour le secteur agroalimentaire canadien.