Pékin — Pékin a abaissé lundi le taux de réserve obligatoire des banques et affirmé son soutien au secteur immobilier, ébranlé par les déboires financiers du promoteur géant Evergrande.
La Chine avait été l’an dernier la seule grande économie à enregistrer une croissance positive de son PIB (2,3%), en dépit de la crise sanitaire qui plombait l’économie mondiale.
Le pays s’est largement remis du choc initial de la pandémie, mais de petits foyers sporadiques de COVID-19 continuent néanmoins à perturber l’activité.
La reprise est également fragilisée par une flambée du prix des matières premières et une crise dans l’immobilier avec les déboires du promoteur Evergrande, au bord de la faillite.
Le poids lourd privé du secteur, qui croule sous quelque 260 milliards d’euros d’endettement, se débat depuis plusieurs mois pour honorer ses paiements d’intérêts et ses livraisons d’appartements.
La situation du groupe aux 200 000 employés est scrutée avec inquiétude, car son potentiel effondrement pourrait plomber la croissance du géant asiatique, et entraîner de l’agitation sociale.
Les déboires d’Evergrande minent la confiance d’acheteurs potentiels et par ricochet celle d’autres promoteurs immobiliers, qui à leur tour se retrouvent dans une situation financière délicate.
Lors d’une réunion lundi consacrée à l’économie, le bureau politique du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir a annoncé son «soutien» au secteur immobilier.
«Il est nécessaire de favoriser la construction de logements abordables, soutenir le marché […] et promouvoir un développement sain» du secteur immobilier, affirme le compte rendu de la réunion présidée par le numéro un chinois, Xi Jinping.
Ces déclarations de Pékin adressées lundi au secteur sont «positives» et contrastent avec les critiques passées du pouvoir sur la spéculation immobilière, remarque l’économiste Zhiwei Zhang, chez Pinpoint Asset Management.
Inquiètes du gonflement de la dette dans le secteur immobilier, les autorités avaient imposé l’an passé aux principaux promoteurs des ratios prudentiels pour réduire leur recours à l’emprunt.
Ce durcissement réglementaire avait marqué le début des soucis financiers pour Evergrande.
Liquidités et incertitudes
L’immobilier et la construction ont joué un rôle clé pour la reprise post-pandémie.
Ils pèsent plus du quart du PIB du géant asiatique et servent de locomotive à bien d’autres secteurs, comme l’acier ou l’ameublement.
En plein essoufflement de la croissance, la Chine va par ailleurs abaisser le taux de réserve obligatoire des banques, soit la part des dépôts qu’elles sont tenues de garder dans leurs coffres.
Ce taux sera abaissé de 0,5 point dès le 15 décembre, a indiqué lundi la banque centrale du pays.
La mesure vise à alléger la pression sur les établissements financiers pour les encourager à accorder davantage de crédits, à des conditions plus favorables, aux entreprises — et in fine à soutenir l’économie.
D’après la banque centrale, cette décision doit permettre d’injecter à long terme 1 200 milliards de yuans (166 milliards d’euros) dans l’économie.
L’abaissement du taux de réserve «va limiter le ralentissement, mais ne l’empêchera pas», estime l’analyste Julian Evans-Pritchard du cabinet Capital Economics, arguant d’une mesure insuffisante.
La dernière baisse du taux de réserve obligatoire remontait à juillet et était alors la première de l’année.
Mais la propagation de la souche Omicron de la COVID-19 dans le monde menace la reprise mondiale.
Et si la Chine continentale n’a pour l’heure recensé aucun cas de ce variant, le pays reste très dépendant des exportations pour son économie, au moment où les frontières se referment.
Compte tenu de la dégradation des conditions sanitaires, le Fonds monétaire international (FMI) a dit vendredi envisager une baisse des prévisions de croissance mondiale.
Pour la Chine, le FMI table pour l’heure sur une progression de 8% du produit intérieur brut cette année.