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De nombreux défis attendent Pierre Poilievre

La Presse Canadienne|Mis à jour le 24 janvier 2024

De nombreux défis attendent Pierre Poilievre

Maintenant que Pierre Poilievre a remporté la course à la direction de son parti avec une forte majorité des votes, le plus dur reste à venir: convaincre les Canadiens de lui accorder leur confiance pour diriger le pays au terme des prochaines élections générales.

Le premier défi du nouveau chef sera de convaincre les militants que la lutte interne est terminée et que tous doivent se rassembler pour lutter contre Justin Trudeau, croient plusieurs ex-stratèges conservateurs interrogés par La Presse canadienne.

Alors que les parlementaires reprendront leurs travaux dans à peine neuf jours à la Chambre des communes — l’ouverture de la session ayant été reportée d’une journée en raison des funérailles de la reine —, M. Poilievre devra se dépêcher de pourvoir des postes clés, ce qu’on appelle sa garde rapprochée. Il devra notamment désigner un chef de cabinet et un directeur des communications.

Il doit désigner un whip, un leader parlementaire – un poste crucial, particulièrement dans un gouvernement minoritaire – et décider s’il va s’entourer d’un chef adjoint et maintenir le rôle de lieutenant politique pour le Québec.

M. Poilievre devra aussi déterminer s’il apporte des changements au cabinet fantôme et surtout quand. Et face à une possible récession, Rodolphe Husny, un ancien conseiller dans le gouvernement de Stephen Harper, va jusqu’à qualifier de «dauphin» celui qu’il désignera comme porte-parole en matière de Finances.

Il devra s’assurer que la machine électorale est en place. Cela implique de nommer un nouveau directeur du Parti conservateur qui aura pour mandat de mettre en place le côté opérationnel de la campagne, explique M. Husny.

 

Se définir ou se faire définir

Cette course contre la montre se fera aussi face aux électeurs alors que «le p’tit nouveau» devra tenter de se définir face à des adversaires qui tenteront d’en faire tout autant, explique Yan Plante, un ancien conseiller auprès de l’ex-premier ministre Stephen Harper. «C’est un moment très important en politique parce qu’une fois que ces perceptions sont cristallisées, elles sont très difficiles à défaire», note-t-il. 

Mais il y a «le fond et la forme», renchérit Marc-André Leclerc, un ancien chef de cabinet d’Andrew Scheer, lorsque questionné à savoir si le style et les politiques de M. Poilievre sont attrayants pour les Québécois. Le nouveau chef devra inévitablement prendre position sur des enjeux bien québécois comme la loi 21 sur la laïcité et la loi 96 sur la langue officielle et commune du Québec, le français.

«Qu’on l’aime ou pas, c’est quelqu’un qui, quand il dit « blanc », c’est blanc, (et) quand il dit noir, c’est noir, lui crédite-t-il. Ça, dans un monde où les gens recherchent de l’authenticité par rapport à leur politicien, c’est quelque chose qui peut quand même séduire une certaine portion de l’électorat.»

Selon M. Plante, M. Poilievre semble vouloir répliquer l’approche populiste qu’il a eue durant la course à la chefferie aux prochaines élections générales, une recette que l’ex-stratège juge différente et intéressante. Le populisme n’a pas «de juridiction, de région, de langue», illustre-t-il, ce qui est facile d’un point de vue opérationnel.

«Tu n’as pas besoin de faire une stratégie particulière pour le Québec ou pour l’Ontario ou pour les Maritimes, dit M. Plante. Si t’en veux au système ou que tu as de la misère avec le coût de la vie, que tu sois Québécois ou Albertain, ces événements-là vont vous toucher, peu importe où vous vous trouvez.»

Il devra néanmoins susciter un désir de changement chez l’électorat canadien. «Ce n’est pas le chef de l’opposition qui gagne le gouvernement. C’est le gouvernement qui perd», explique Rodolphe Husny.

Et le climat économique instable est favorable aux conservateurs, croit-il, le parti ayant acquis ses lettres de noblesse en vendant la rigueur économique.

 

Quels défis d’unité?

Par ailleurs, les conservateurs devront tous «mettre de l’eau dans leur vin» pour se montrer unis derrière leur nouveau chef, estime M. Plante. Et ceux qui ne sont pas à l’aise devront prendre leur décision: se rallier ou s’en aller.

«Un parti politique c’est une institution vivante, dit-il. Le parti conservateur de Stephen Harper n’a rien à voir avec celui de (Brian) Mulroney. (…) Il y a toujours une base qui reste à travers les décennies dans une formation politique, mais un peu comme une maison, la couleur des murs change, les divisions dans la maison évoluent.»

Tant M. Husny que M. Plante mentionnent que M. Poilievre a obtenu un «mandat fort» étant donné qu’environ 400 000 membres conservateurs ont voté durant ce scrutin.

En effet, cela représente près de deux à quatre fois plus de membres conservateurs s’étant prononcés que lors des deux courses précédentes.

 

Jean Charest retourne au privé et promet de continuer d’être militant conservateur

Jean Charest retourne au privé et promet de continuer d’être militant conservateur

L’ex-premier ministre du Québec et candidat défait à la chefferie du Parti conservateur du Canada, Jean Charest, retournera œuvrer dans le secteur privé, mais promet de continuer se s’impliquer en tant que militant au sein de la formation politique.

«Je vais demeurer un militant actif et je vais continuer de défendre les idées que je vous ai proposées pendant cette course au leadership», a-t-il dit dimanche dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux.

Il a appelé les troupes conservatrices à s’unir derrière l’objectif commun de défaire le gouvernement libéral de Justin Trudeau aux prochaines élections générales.

«Le moment est maintenant venu pour nous de nous réunir, d’être rassemblés autour d’un projet commun, un projet économique, mais aussi un projet pour unir le Canada et faire élire un gouvernement conservateur national», a soutenu M. Charest.

La veille, il a mordu la poussière en finissant la course à la direction loin derrière le vainqueur Pierre Poilievre.

Le nouveau chef, qui succède à Erin O’Toole, l’a emporté avec 68 % des points en jeu dès le premier tour du scrutin préférentiel pendant que M. Charest est arrivé deuxième en n’ayant recueilli que 16 % des appuis.

L’ex-premier ministre québécois n’a remporté une majorité de points que dans une infime poignée des 338 circonscriptions canadiennes. Au Québec, M. Poilievre a raflé 72 des 78 circonscriptions.

Dans sa vidéo, M. Charest n’a pas manqué de souligner l’intensité des sept derniers mois de course à la chefferie qui viennent de se conclure.

«Cette course (…) s’est faite dans un contexte exceptionnel. Nous sortons de la COVID-19 et nous avons vécu des années très difficiles. La population canadienne est fatiguée, frustrée et parfois en colère.»

Le candidat défait a félicité tous ses adversaires, dont M. Poilievre pour «une campagne dynamique» et le candidat disqualifié Patrick Brown.

 

François Legault félicite le nouveau chef du Parti conservateur Pierre Poilievre

François Legault félicite le nouveau chef du Parti conservateur Pierre Poilievre

François Legault a félicité le nouveau chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, peu de temps après son écrasante victoire, samedi soir.

Dans un très court gazouillis, le chef caquiste et premier ministre sortant du Québec a souhaité à M. Poilievre de «bonnes célébrations».

Il a ajouté vouloir discuter avec M. Poilievre «des enjeux qui touchent le Québec et le Canada».

Il y a trois jours, à Roberval, M. Legault avait affirmé n’avoir jamais parlé à Pierre Poilievre.

M. Poilievre a été couronné samedi soir chef du Parti conservateur du Canada dès le premier tour du scrutin préférentiel de la course à la direction, avec 68,15 % des voix.

Le député de Carleton qui a fait campagne sur le thème de la liberté l’a emporté avec une écrasante avance sur celui qui aura été son principal rival, l’ex-premier ministre du Québec Jean Charest.

Ce dernier n’a recueilli que 16,07 % des votes auprès des membres conservateurs.