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La menace d’une invasion russe imminente en Ukraine reste élevée

La Presse Canadienne|Mis à jour le 24 janvier 2024

La menace d’une invasion russe imminente en Ukraine reste élevée

Ottawa — La ministre canadienne des Affaires étrangères a déclaré que la menace d’une invasion russe en Ukraine demeurait élevée, depuis que des cyberattaques ont sapé l’optimisme de mardi selon lequel le Kremlin pourrait retirer ses troupes.

Mélanie Joly a affirmé en entrevue que la menace d’une invasion russe demeurait réelle et imminente.

«Les dernières informations dont je dispose sont que la menace est réelle et imminente, a déclaré mardi la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, à La Presse Canadienne. Tout le monde prend ça à l’heure. Les choses bougent, la situation est extrêmement volatile».

La ministre a indiqué que le Canada et ses alliés de l’OTAN souhaitaient voir des preuves tangibles que Moscou a vraiment réduit son déploiement de 130 000 soldats le long des frontières de l’Ukraine, au-delà des images vidéo de l’artillerie lourde russe chargée sur des convois, sans aucun détail précis sur l’endroit où ces images ont été prises.

«Nous pensons même qu’il pourrait s’agir d’une campagne de désinformation lancée par la Russie», a-t-elle précisé.

Mardi, après une rencontre à Moscou avec le chancelier allemand Olaf Scholz, le président russe Vladimir Poutine a déclaré qu’il ne voulait pas de guerre et cherchait à tenir des discussions pacifiques avec l’Occident pour atténuer ce qui est devenu la pire crise avec la Russie depuis la guerre froide.

Le président russe a déclaré qu’il était disposé à parler davantage de la limitation du déploiement des missiles de portée intermédiaire en Europe et d’autres mesures de transparence et de renforcement de la confiance.

«Nous utiliserons tous les moyens pour lancer des conversations diplomatiques. Mais, en attendant, la Russie doit montrer son intention en désamorçant la situation. C’est vraiment, vraiment important», a souligné Mme Joly.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré à Bruxelles qu’il n’y avait aucun signe de diminution des effectifs russes aux frontières ukrainiennes, mais qu’il y avait lieu de faire preuve d’un optimisme prudent quant aux efforts diplomatiques.

Peu de temps avant les déclarations de la ministre Joly, la perspective d’une invasion russe avait semblé s’atténuer, mardi. Le président Vladimir Poutine déclarait qu’il ne voulait pas de guerre et souhaitait une discussion pacifique avec l’Occident.

Mais peu de temps après, une série de cyberattaques a mis hors ligne les services gouvernementaux ukrainiens et les banques de l’ancienne république soviétique.

Mme Joly, «extrêmement préoccupée» par ces cyberattaques, a parlé à son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, pour obtenir plus de détails mardi.

Lundi, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le Canada accorderait à l’Ukraine un prêt de 500 millions de dollars ainsi que 7,8 millions de dollars d’équipements létaux et de munitions. Jusqu’alors, le Canada avait été réticent à fournir des armes à l’Ukraine, mais Mme Joly a expliqué que la décision avait été prise de se joindre à d’autres pays pour fournir des armes en raison du risque élevé d’invasion.

Le Canada a également fermé son ambassade dans la capitale ukrainienne, Kiev, et Mme Joly a demandé à tous les Canadiens qui se trouvent encore dans le pays de le quitter immédiatement. Le Canada a déplacé ses diplomates dans la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine.

La ministre Joly a rapporté qu’elle avait parlé à ses homologues en Pologne, en Slovaquie, en Hongrie et en Roumanie pour aider à assurer un passage sûr pour tous les diplomates canadiens et leurs familles si la situation sécuritaire se détériorait davantage.

La Russie veut des garanties que l’Ukraine ne sera pas autorisée à rejoindre l’OTAN et que l’alliance transatlantique de 30 pays cessera de chercher à recruter de nouveaux membres en Europe de l’Est, dans ce que le Kremlin considère comme l’ancienne sphère d’influence de l’ex-Union soviétique.

Mais la demande russe d’arrêter toute nouvelle expansion est inacceptable pour les États-Unis, l’OTAN et ses alliés, y compris le Canada.

Le Canada ainsi que plusieurs alliés, dont les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Australie et l’Allemagne, ont terminé de travailler sur un nouvel ensemble de sanctions qui seraient imposées à la Russie si elle envahissait à nouveau l’Ukraine, après son annexion de la péninsule de Crimée en 2014, selon Mme Joly.

Les sanctions sont également structurées de manière à être déployées par étapes, avec un premier tour, puis plusieurs suivis «dès le premier jour et ensuite», a-t-elle indiqué.

Mme Joly a également déclaré que le Nord Stream 2, un projet lucratif de gazoduc russe qui se connecte à l’Allemagne, est sur la table comme l’une des mesures économiques de représailles qui pourraient être prises contre Moscou. Environ 40% de l’Europe dépend du gaz naturel de la Russie, mais le Kremlin a déjà coupé les approvisionnements par le passé comme une arme.

Nord Stream 2 est entièrement construit, mais il n’est pas encore opérationnel.

«Nous savons que l’Europe peut être déroutée par la Russie, en termes de son propre approvisionnement énergétique. Mais en attendant, nous savons aussi que Nord Stream 2 ne fonctionne pas au moment où nous parlons, a déclaré la ministre Joly. En ce sens, l’Europe dispose d’un outil très important pour dissuader la Russie d’envahir davantage l’Ukraine dès maintenant en raison du fait que le pipeline ne fonctionne pas.»

Lundi, la ministre des Finances Chrystia Freeland et ses homologues du G7 ont également averti la Russie que toute action militaire contre l’Ukraine entraînerait des sanctions qui «auraient des conséquences massives et immédiates sur l’économie russe».

Cela faisait suite au retrait dimanche des troupes canadiennes participant à la mission d’entraînement de l’OTAN des forces ukrainiennes. Le Canada comptait environ 200 militaires participant à la mission et avait précédemment annoncé son intention d’élargir et d’étendre l’effort de formation.

Le ministère de la Défense n’a pas voulu dire où exactement en Europe le contingent canadien était redéployé, invoquant des raisons de sécurité, mais cette décision a été largement considérée comme une preuve supplémentaire qu’une invasion russe était imminente.