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L’achat local B2B a un nouveau prophète

Catherine Charron|Mis à jour le 24 janvier 2024

L’achat local B2B a un nouveau prophète

Stéphane Drouin venait tout juste de débuter son mandat en tant que directeur général du Conseil québécois du commerce de détail quand Investissement Québec l’a approché afin de contribuer à l’intégration de l’achat local dans les entreprises d’ici. Une offre qu’il n’a pu refuser, même si cela signifiait de renoncer à son nouveau rôle.

«Si on réussit à l’implanter, on donne non seulement un coup de pouce à la relance, mais on vient aussi d’implanter quelque chose qui aura une pérennité dans la santé économique du Québec», assure le passionné de développement stratégique.

Selon l’entrepreneur en résidence à la société d’État, l’achat local n’est pas une fin en soi. C’est plutôt un vecteur qui rendra plus compétitives localement et internationalement les entreprises de la province. Or, la partie est loin d’être gagnée.

Présentement, «c’est une tendance attrayante pour les entreprises, parce que la chaîne d’approvisionnement depuis quelques années est fragilisée. On l’a vu avec le blocage du canal de Suez. On le voit aussi avec la menace de grève au port de Montréal», rappelle Stéphane Drouin.

 

L’«expertise et le savoir-faire»locaux

Ces menaces mettent d’ailleurs en lumière les nombreux tarifs périphériques à l’importation, qui passent parfois sous le radar des entreprises lorsqu’elles comparent le prix d’un produit fabriqué ici à un autre de l’étranger. «Quand l’écart passe de 30 % à 8 %, ça vaut la peine de considérer l’achat local à cause de tous les avantages que procure la proximité», indique-t-il. Pour que ce travail de sensibilisation soit efficient, Stéphane Drouin et son équipe doivent déterminer les secteurs dans lesquels les entreprises québécoises peuvent bel et bien rapatrier leur production.

Pas question, donc, de produire ici des t-shirts en coton blanc. L’objectif est plutôt d’encourager la fabrication de vêtements de protection individuelle à partir d’un tissu qui se dégrade beaucoup plus rapidement que ceux provenant de la Chine, par exemple. Ultimement, «ça peut impliquer de stimuler le développement de l’automatisation. On a un retard à ce chapitre au Québec», précise-t-il. Déjà, deux «importants projets»de rapatriement, dont les noms ne peuvent être dévoilés, sont sur la table à dessin.

Stéphane Drouin devra aussi s’assurer que tous les acteurs d’Investissement Québec (IQ) aiguillent vers les stratégies adéquates les sociétés qui voudront adhérer à cette tendance.

«Certaines entreprises ont déterminé un fournisseur, mais il n’est pas compétitif. Peut-être est-ce là une question de productivité. Donc IQ peut travailler avec ce dernier pour regarder son processus de fabrication, pour ainsi l’aider à approvisionner davantage d’entreprises locales», illustre Stéphane Drouin. Un premier coup de sonde sera effectué à la mi-mandat du directeur général, soit en février prochain, afin de déterminer si cette stratégie aura su mobiliser les sociétés. «On veut s’assurer que la volonté qu’on a de faire bouger les choses et la réalité se connecte bien. Et, si le constat est bon, de continuer dans le même sens», anticipe celui qui sera à la fois stratège et prophète de l’approvisionnement local.